Regain d’intérêt pour la chasse, info ou intox ? Par Gilles de Valicourt 29 décembre 2021 Dans son communiqué de presse d’ouverture, la Fédération nationale des chasseurs, un brin euphorique, affirmait constater un engouement nouveau pour la chasse, à l’appui le nombre accru de candidats au permis de chasser. Ce serait assurément une excellente nouvelle, mais comme on fait dire ce que l’on veut aux chiffres, nous avons voulu vérifier. Nous avons récupéré auprès de l’OFB* les données depuis la création du premier examen du permis de chasser en 1976. Depuis cette date, en dépit de quelques pics liés aux réformes de l’examen, la tendance est clairement à la baisse. UNE TENDANCE A LA BAISSE DEPUIS 1976 S’ajoutant au nombre important de chasseurs raccrochant le fusil en raison de leur grand âge, cette érosion explique que l’on soit passé de près de 2,5 millions de chasseurs validant leur permis annuel à l’époque, à tout juste un million aujourd’hui. Ce constat pourrait paraitre alarmant, mais si l’on s’attache au 20 dernières années, la conclusion est toute autre. UNE CERTAINE STABILITE DEPUIS 2000 En effet depuis 2000, la tendance est plutôt stable, voir même en très légère hausse. Si regain d’intérêt pour la chasse il y a, alors, il remonte à cette période, et s’inscrit davantage dans la durée. Mais pour en revenir à l’annonce de la FNC, sur un regain d’intérêt pour notre loisir, il convient d’examiner les 5 dernières années. Et là, la tendance est moins bonne, comme le montre le graphique ci-dessus. Le chiffre de 2021 est une projection, les chiffres fournis n’incluant pas décembre 2021. Si le nombre de candidats au permis de chasser se maintient dans les années à venir, nous devrions connaitre enfin une stabilisation des effectifs de chasseurs. EN BAISSE DEPUIS 5 ANS Avant même les contraintes induites par le Covid 19, et le report de sessions d’examen, on constate une tendance à la baisse. Alors certes, par rapport à 2020, 2021 connait une hausse de 34%, mais 2020 affiche des chiffres d’inscription de 14% en baisse par rapport à 2019. Il n’est donc guère difficile d’être en positif en 2021. En cumulant les inscriptions des deux dernières années, on obtient 68 887 candidats, soit, ramené à l’année, 34 440 inscrits, à peine plus qu’en 2019 (34115) et moins qu’en 2018 et 2017 (38505 et 41811). Il est clairement excessif de parler de regain d’intérêt pour la chasse. Compte tenu de ce constat, on comprend le peu d’entrain des fédérations départementales à livrer leurs chiffres. UN MAINTIEN SUR LE LONG TERME Néanmoins, s’il n’est pas juste de parler de regain, il ne le serait pas plus de parler de perte de vitesse. L’enseignement positif de ces données, c’est que l’intérêt pour la chasse se maintient sur le long terme et devraient aboutir à une stabilisation de nos effectifs…avant peut être une véritable progression. Les chasseurs de la génération du baby-boom, (années 50-60) étant très représentés, on peut supposer qu’à l’avenir nous serons moins nombreux, mais en moyenne un peu plus jeunes qu’aujourd’hui. *Données du service du permis de chasser de l’Office français de la biodiversité (OFB)- AT/FC – novembre 2021).