Quelles sont les espèces chassables en France ? Par Gilles de Valicourt 29 septembre 2022 La France est le pays d’Europe dont la liste d’espèces chassables est la plus longue. Les « anti-tout » considèrent une telle liste comme une grave atteinte à la biodiversité. Pourtant, cette multiplicité des gibiers garantit l’implication des chasseurs dans la préservation de la diversité du vivant. La liste des espèces dont la chasse est autorisée en France a été fixée par l’arrêté du 26 juin 1987. Cependant, sous le coup de moratoires ou d’adjonctions, cette liste est évolutive. En ce début de saison de chasse 2022/2023, faisons le point sur cet éventail de possibilités. On peut classer les espèces gibiers en plusieurs catégories, correspondant en général aux biotopes fréquentés. Le petit gibier sédentaire de plaine Ainsi, distingue-t-on en premier lieu le petit gibier sédentaire, dit parfois de plaine car il vit à l’année dans les cultures, les bocages et bois des zones de faible altitude. Une perdrix rouge. Le lièvre brun Le lapin de garenne Le faisan commun Le faisan vénéré La perdrix grise La perdrix rouge Ces espèces, quand elles sont naturelles (hors lâchers), sont souvent soumises à des plans de gestion (limitation du nombre de jours de chasse) ou des plans de chasse (quotas). Les canards, oies et rallidés Il s’agit d’un premier groupe de 23 espèces qui fréquentent les milieux aquatiques, qu’il s’agisse de la mer ou des zones humides intérieures. Un canard pilet. L’oie cendrée L’oie rieuse L’oie des moissons La bernache du Canada L’eider à duvet La macreuse brune La macreuse noire Le fuligule milouinan Le fuligule milouin Le fuligule morillon Le garrot à œil d’or La harelde de Miquelon La nette rousse Le canard colvert Le canard chipeau Le canard siffleur Le canard pilet Le canard souchet La sarcelle d’hiver La sarcelle d’été La poule d’eau La foulque macroule Le râle d’eau Lorsqu’elles sont chassées en chasse de nuit ou sur le domaine public maritime, ces espèces peuvent être soumises à des PMA (prélèvements maximums autorisés), souvent 25 oiseaux toutes espèces confondues. Les limicoles Il s’agit du second groupe d’oiseaux d’eau composé aujourd’hui de 15 espèces, qui fréquentent majoritairement les vasières littorales ou les marais intérieurs avec une faible profondeur d’eau. Une exception à ce groupe, la bécasse des bois, qui, bien qu’étant un limicole fréquente les forêts. Elle se trouve donc classée dans le groupe des oiseaux dit de passage ou migrateurs terrestres. Des huîtriers pies (noir et blanc) et un courlis cendré (gris) dépassent des aigrettes garzettes. La barge rousse Le bécasseau maubèche La bécassine des marais La bécassine sourde Le chevalier aboyeur Le chevalier arlequin Le chevalier combattant Le chevalier gambette Le courlis corlieu L’huîtrier pie Le pluvier argenté Le pluvier doré Le vanneau huppé La barge à queue noire (chasse suspendue pour au moins encore un an) Le courlis cendré (chasse suspendue pour au moins encore un an) Actuellement objets de moratoires de leur chasse, la barge à queue noire et le courlis cendré ne sont plus chassables, au moins jusqu’au 30 juillet 2023. Les oiseaux de passage ou migrateurs terrestres En plus de la bécasse que nous avons évoqué juste avant, 12 autres espèces font partie de la catégorie des migrateurs terrestres que l’on observe dans les champs et les bois. Une alouette des champs. La bécasse des bois L’alouette des champs La caille des blés La grive draine La grive litorne La grive mauvis La grive musicienne Le merle noir Le pigeon biset Le pigeon colombin Le pigeon ramier La tourterelle turque La tourterelle des bois (chasse suspendue pour au moins encore un an) Cette dernière espèce fait, elle aussi, l’objet d’une suspension de sa chasse jusqu’au 30 juillet 2023. Auparavant, des quotas (17460 spécimens en 2020/2021) avaient été instaurés, applicables en temps réel grâce à l’application ChassAdapt, mais sous la pression des anti-chasse, le gouvernement a pris un arrêté suspensif. L’autre espèce soumise à une limitation de ses prélèvements est la bécasse avec 30 oiseaux annuels par chasseur et, selon les départements, des restrictions journalières de 2 à 3 oiseaux (avec dispositif de marquage ou enregistrement sur ChassAdapt). Le petit gibier de montagne Comme l’intitulé l’exprime bien, il s’agit des espèces de petit gibier sédentaire inféodées aux zones de montagne. Une perdrix bartavelle, la perdrix de Pagnol. Le tétras lyre (coq maillé) Le tétras urogalle ou grand tétras (coq maillé) (chasse suspendue pour 5 ans) La gélinotte des bois Le lagopède alpin La perdrix bartavelle La perdrix grise des Pyrénées Le lièvre variable Toutes ces espèces sont soumises à des plans de gestion ou des plans de chasse stricts, ce qui n’a pas empêché le gouvernement de prendre un arrêté de suspension de la chasse du grand tétras pour les 5 prochaines saisons sous la pression des anti-chasse. On le déplorera d’autant plus que seuls les chasseurs s’investissaient dans sa préservation. Les prédateurs et déprédateurs Autrefois réunis sous le vocable de nuisibles, cette appellation n’est désormais plus politiquement correcte et il convient, administrativement parlant, d’user du terme d’ESOD (espèces susceptibles d’occasionner des dégâts). Ce classement départemental autorise de les piéger, ou de les détruire à tir hors période de chasse, et sous certaines conditions (procédés, secteurs, etc.). Il s’agit pour la plupart de petits carnivores et d’oiseaux tels que des corvidés, ou d’espèces exogènes et envahissantes, qui peuvent nuire au reste de la faune, ou causer des dommages aux activités humaines. Un renard chassant dans la plaine. Cette catégorie est divisée en trois sous-catégories : Les espèces non-indigènes classées ESOD perpétuellement Un muntjac de Reeves. Le raton laveur (piégeable en tout lieu et tout temps) Le chien viverrin (piégeable en tout lieu et tout temps) Le vison d’Amérique (piégeable en tout lieu et tout temps) La bernache du Canada (chassable) Le rat musqué (piégeable en tout lieu et tout temps) Le ragondin (piégeable en tout lieu et tout temps) Le muntjac de Reeves (chassable uniquement dans le Loir-et-Cher, où sa présence est constatée) Les espèces classées ESOD pour 3 ans renouvelables Chaque fédération départementale de chasseurs doit monter un dossier pour maintenir ce statut par période de trois ans. Un geai des chênes. Le corbeau freux La corneille noire L’étourneau sansonnet Le geai des chênes La pie bavarde La belette La fouine La martre des pins Le renard Le putois (depuis 2019, le putois n’est plus dans cette liste dans aucun département, il est donc seulement chassable) Les espèces gibiers classées ESOD annuellement Trois espèces gibiers susceptibles de commettre des dégâts agricoles peuvent être annuellement classées ESOD par les préfets. Pigeons ramiers au-dessus d’un champ d’orge. Ce sont : Le sanglier Le lapin de garenne Le pigeon ramier Le grand gibier Le grand gibier, qu’il soit de montagne ou non, réunit de grands ongulés et notre suidé, le sanglier. Un chamois dans les Alpes. Le cerf élaphe Le cerf sika (espèce d’origine asiatique introduite accidentellement et pouvant s’hybrider avec le cerf élaphe) Le daim Le chevreuil Le mouflon Le chamois L’isard Le sanglier Toutes ces espèces sont obligatoirement soumises à des plans de chasse, à l’exception du sanglier qui peut ne faire l’objet que de plans de gestion dans certains départements. Les espèces inclassables À la frontière de plusieurs catégories, certaines espèces font un peu cavalier seul, hermine et blaireau sont des prédateurs mais qui ne peuvent être que chassés, et non régulés par piégeage. Une hermine en pelage hivernal. L’hermine Le blaireau La France compte donc aujourd’hui un total de 92 espèces chassables, mais 4 font l’objet d’une suspension que l’on peut craindre définitive. Beaucoup d’autres espèces pourraient figurer dans cette liste, mais il faudrait idéalement sortir de cette logique de statuts très rigides, et appliquer une véritable gestion adaptative promue par la FNC, qui serait révisée annuellement.