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Le dernier grand solitaire

S
i les populations de sangliers ont explosé, et s’il se tue aujourd’hui en France plus de 800 000 suidés, force est de constater que les vieux sangliers qui hantaient les rêves des chasseurs, sont devenus bien rares.

Nous ne parlons pas ici des gros sangliers qui accusent sur les bascules des poids de 120,140,160 kilos et plus, qui sont devenus assez commun dans bon nombre de régions françaises, et qui pour la plupart sont des animaux âgés seulement de 3-4 ans.

Bien nourris, certains sangliers en imposent alors même qu’ils ne sont que subadultes.

Ces poids records pour des animaux si jeunes sont la conséquence de la facilité que les sangliers ont désormais à trouver leur nourriture, que ce soit dans les cultures de maïs qui envahissent nos campagnes, ou sur les zones d’agrainage dont ils ne s’éloignent guère, lorsque celles-ci sont régulières et parfois massives.

GROS N’EST PAS GRAND

Il ne faut donc pas confondre gros et vieux sanglier, on entend par vieux sangliers des animaux âgés de plus de 5 ans. Les gros sangliers, malgré leur jeunesse, peuvent être bien armés et faire le bonheur du chasseur.

Un joli mâle, mais pas âgé. Les flancs recouverts de boue sont un critère infaillible pour identifier un mâle.

Mais sachant que le développement des dents, notamment les grès et les défenses qui constituent le trophée, se poursuit jusqu’à 8-10 ans, on imagine sans peine les trophées exceptionnels qui pourraient être récoltés s’ils parvenaient à vieillir encore quelques années.

SEULEMENT 1% DE VIEUX

Le pourcentage de vieux sangliers prélevés à la chasse est de l’ordre de 1 % ce qui démontre l’état catastrophique de la pyramide des âges de notre population de bêtes noires (il sera bientôt plus adapté de parler de bête rousse) qui se caractérise par une base très importante et une hauteur trop faible.

Ce rare mâle fait partie de la frange marginale de la population qui atteint les 3 ans.

Les études de l’OFB montrent que plus de la moitié des sangliers mourront dans leur première année, et que l’espérance de vie moyenne est de 22 mois. Autre chiffre saisissant, 95 % des sangliers n’atteindront pas les 3 ans.

LES GRANDS MÂLES PLUS FACILE À TIRER

Aujourd’hui, la problématique sanglier liée aux dégâts agricoles ne facilite pas le vieillissement des mâles, car si les laies, qu’elles soient meneuses ou suitées, peuvent être parfois épargnées, les chasseurs sont, la plupart du temps, incités à tirer sans discernement afin de faire baisser les effectifs.

Un grand mâle un peu lourd sera évidemment plus facile à tirer qu’une agile bête rousse.

Les mâles qui passent souvent la ligne un peu à la traîne des compagnies, sont en général les plus faciles à identifier et donc des cibles faciles. De plus il est plus aisé de placer une balle dans un sanglier de 120 kilos que dans une bête rousse qui cavale au milieu de la compagnie.

UNE POPULATION TROP JEUNE

Les jeunes laies de 30-40 kg, très nombreuses, donnent naissances à 4-5 marcassins. Les conditions hivernales étant de moins en moins rudes, et la nourriture de plus en plus abondantes, les populations explosent.

Une photographie de la population française de sangliers, pléthorique et très jeune.

Pour faire baisser la facture des dégâts il est donc nécessaire de taper fort dans cette tranche de poids (de 30 à 60 kilos) afin de faire baisser la population, et épargner en même temps les mâles subadultes. Cela permettrait le vieillissement des mâles et une dynamique de population mieux contrôlée.

Il faudrait laisser vieillir les grands mâles et éviter de les tirer systématiquement en battue, pour avoir la chance de les prélever âgés, pourquoi pas à l’affût.