La dernière harde – Maurice Genevoix Par Jacques Cheval 16 février 2021 Le 11 novembre dernier Maurice Genevois a rejoint au Panthéon les plus grands personnages de la Nation. C’est son œuvre littéraire relative à la première Guerre Mondiale qui lui vaut enfin cet honneur mérité. Mais ce que les chasseurs retiendront aussi, c’est que c’est l’un des plus grands auteurs cynégétiques qui est honoré. Nous avons choisi de commencer ce parcours littéro-cynégétique par l’un des plus beaux romans français écrit par un auteur qu’on ne présente plus, tant son talent littéraire et son amour de la chasse sont indiscutables. Il s’agit de Maurice Genevoix, célèbre pour ses carnets écrits au cœur des tranchées mais aussi pour sa trilogie dont voici le deuxième opus. Le titre fait déjà rêver tout chasseur qui se respecte : la dernière harde. Écrit en 1938, ce « roman-poème » nous plonge au cœur de la forêt et de sa cour sur laquelle règne le Rouge, un magnifique dix cors. Les héros de ce chef d’œuvre sont en effet autant les chasseurs que ce royal cervidé. La mort de la mère de ce jeune mâle, alors qu’elle fuit les chasseurs, au début du récit est suivie de la présentation de chaque membre de cette harde, dont les prénoms en font des personnages à part entière : la Bréhaigne (vieille biche prudente et rusée), le Vieux des Orfosses (cerf âgé et solitaire mais sage conseiller), l’Oreille-Coupée ou encore le Bigle… Puis on voit ce jeune orphelin grandir, survivre, se faire une place jusqu’à la prochaine saison de chasse à courre où le veneur calme et raisonné va changer son destin pour livrer un combat, une quête même qu’il faut préparer avec patience et détermination. Le décor de la Sologne chère à Genevoix est omniprésent dans ce roman au point qu’on sentirait presque les bottes aux pieds et l’odeur des sous-bois. Sous sa plume, Genevoix nous fait être tour à tour cerf et chasseur pour mieux vivre cette rencontre si attendue et si imprévisible en même temps, jalonnée par la mort, la passion du veneur, la beauté animale et la lumière des saisons qui passent. Aujourd’hui, que l’on soit chasseur ou totalement étranger à ce mode de vie, l’entrée de Maurice Genevoix au Panthéon devrait être une invitation à lire ou relire son œuvre, qui, traversée par cette idée de la mort et de son caractère inéluctable, n’en est pas moins une ode à la vie et à la nature.