La Beretta BRX1 : coup de tonnerre dans l’univers des linéaires! Par Dominique Czermann 20 octobre 2021 Nous attendions tous avec impatience une carabine au nom de Beretta. La logique nous faisait spéculer pour « une linéaire ». Première carabine de chasse fabriquée intégralement à Gardone* à porter le nom de Beretta, la BRX 1 devrait créer des remous chez les autres fabricants et connaître un succès considérable chez les chasseurs. La BRX1 est une carabine à action manuelle rectiligne, « une linéaire ». Aujourd’hui en Europe ce type d’arme est incontournable. Pour Beretta c’était la seule alternative viable pour intégrer le marché des carabines de chasse. Quand on s’appelle Beretta, les concurrents et le public vous attendent au tournant, impossible de rater sa première copie, impossible de faire un copier-coller, il faut développer un produit original. La BRX1: une combinaison de techniques jamais réunies sur une carabine de chasse Gros plan sur la BRX 1 et sa culasse pour munitions standards. Si les techniques retenues pour la BRX1 ne sont pas révolutionnaires en soi, c’est la première fois qu’elles sont intégrées ensemble sur une carabine de chasse. La BRX1 s’articule autour d’un chassis en alliage léger qui supporte tous les éléments de la carabine. Il incorpore un tenon de recul acier et fait office de « bedding ». Sa forme en V, immobilise le boîtier, quelques soient les forces et variations de températures rencontrées. Comme sur un pistolet des rails usinés dans les flancs du chassis permettent au transporteur de culasse de coulisser sous l’action de la main forte. Cet ensemble original est la partie maitresse de la BRX1. Elle possède une tête de culasse rotative à tenons multiples comme on en trouve sur de nombreuses armes mais il existe 2 têtes de culasse: une à 8 tenons pour les calibres standards et une à 16 tenons pour les magnums. Culasse à 8 tenons pour les calibres standards et 16 pour les magnums La tête de culasse magnum à 16 tenons de verrouillage. L’arrière du transporteur possède un poussoir semblable à ceux des armeurs séparés. Mais ce n’en est pas un. C’est une véritable sécurité à trois positions qu’on utilise comme un armeur. Poussoir en position basse, culasse et détente sont bloquées, en position intermédiaire la détente est bloquée mais on peut manœuvrer la culasse. Un trait blanc est visible dans cette position. En position haute, la BRX1 est prête à faire feu, un trait rouge est bien visible. La percussion est assurée par un marteau armé lors du mouvement arrière de la culasse. Il est commandé de façon directe par la détente lorsque le tireur presse la queue de détente. Les armeurs séparés ne constituent pas une sécurité en soi. Lors de tirs rapides avec la BRX1 je n’ai eu aucun problème à passer de la sécurité totale à la position de tir lors de l’épaulé, comme on est sensé le faire avec une carabine à armeur (souvent armée dès le premier aboiement et donc plus en sécurité). Une incroyable résistance aux très fortes pression Lorsque le poussoir de la sécurité est dans cette position la BRX 1 est prête à faire feu. Le cahier des charges mettait l’accent sur la sécurité passive. La BRX1 a subi les tests CIP puis ceux de l’OTAN (chute, pression, usure) plus un test de destruction au cours duquel des cartouches de 300 Win Mag ont été tirées dans des canons obturés en 3 points par des balles enfoncées au maillet. Les culasses ont résisté à des pressions de plus de 9600 bar. La tête de culasse se démonte en 3 secondes, sans outil. Beretta voulait que la BRX puisse convenir aux droitiers comme aux gauchers sans avoir à créer un modèle spécifique, puisque les gauchers représentent un potentiel de 15 à 17% de clients. Beretta a réalisé un levier amovible capable de se positionner à droite ou à gauche. La tête de culasse se retourne de 180° pour déplacer l’éjection si on le désire. L’alimentation se fait par un chargeur amovible de couleur orange vif. En synthétique, il contient 5 cartouches quelque soit le calibre. Sa couleur visible même lorsque la culasse est fermée interpelle immédiatement, par exemple lors des déplacements apportant un plus en terme de sécurité passive. Pour les droitiers comme les gauchers Démontage du levier de culasse pour passer de droitier en gaucher. Qui dit culasse différente dit canons différents et interchangeables. Ils sont rayés et chambrés au cours d’une seule et même opération, gage de concentricité parfaite donc de précision. Ils mesurent 16mm à la bouche et sont filetés au pas de 14×1 pour monte de divers accessoires. Ils ne possèdent pas d’organes de visée. Le canon est profondément vissé dans la frette en acier qui sert d’interface entre le chassis et le tube. Dans sa partie inférieure on trouve les deux puits des vis de fixation du canon et une mortaise qui reçoit le tenon de recul. L’intérieur de la frette est usiné pour recevoir les 8 ou 16 tenons de la culasse correspondante. La partie supérieure de la frette est taraudée et filetée pour accepter différents rails pour montage d’optiques. D’origine la BRX1 est livrée avec un vrai rail Picatinny, un choix intelligent. Ce type de montage permet de changer d’optiques facilement et de modifier la position de ces dernières lorsqu’on change de vêtements ou de position de visée (prise ou perte de poids, accident au niveau de l’épaule). Un rail Picatinny d’origine pour les montages optiques Sur cette photo on perçoit bien le rail picatinny permettant de monter et d’alterner aisément deux optiques (lunette, et viseur point rouge). On voit très bien aussi le chargeur orange, gage que la culasse est ouverte, et donc de sécurité. Si le chasseur emploie des colliers de bonne qualité, repère l’emplacement de ces derniers sur le rail et les serre au couple, le zéro est conservé ou varie très peu pour du tir de chasse jusqu’à des distances où peu de chasseurs tirent. Les deux autres rails sont aux normes Tikka ou Beretta QR. Les rails Picatinny et Tikka sont sécurisés par 4 vis plus une butée de recul. La BRX1 est garantie pour grouper dans un cercle de 3cm de diamètre à cent mètres avec un nombre important de chargements. Pour tirer juste, il faut une excellente détente. Beretta y a pensé. Les ingénieurs ont conçu un bloc détente amovible et réglable avec 3 poids de départ préprogrammés : 900g en position 1, parfait pour l’approche ou l’affut. Les 2 autres positions ajoutant environ 250g à chaque fois. La position 2 offre un poids raisonnable bien adapté aux battues hivernales et aux doigts gourds réduisant les risques de départs incontrôlés sans grever la précision. Les réglages s’effectuent en retirant le bloc du chassis. Une opération simple réalisée avec la pointe d’un canif ou d’un petit tournevis. Des poids de départ réglables facilement Simple comme un mécano, deux transporteurs, deux têtes de culasse, le bloc détente, un levier et le chargeur. Une carabine s’est aussi une crosse et un devant. La BRX1 possède une monture en deux parties réalisée en matériau synthétique noir. La crosse est non avantagée pour pouvoir être ambidextre. Sa longueur est réglable de 365mm (livrée) à 353 et 377mm en jouant sur la plaque de couche et l’intercalaire de 12mm. La plaque de couche souple Extralight, comme sur les A400, atténue bien le recul. La poignée pistolet à insert interchangeables permet une bonne adaptation aux mains de différentes tailles. Le devant possède deux textures pour une bonne tenue avec ou sans appui. On peut y fixer un bipied à l’aide des supports de grenadières. On peut tabler que d’autres types de couleurs, de matériaux voir de formes verront le jour dans le futur. Aucune gêne lors des tirs sans désépauler Sur ces photos on se rend compte de la rapidité de manœuvre et de tir, l’étui est à peine éjecté, que le tireur est prêt à faire feu une 2nde fois. La séance découverte de la BRX1 a eu lieu les 28 et 29 septembre au stand de tir de Cogolin et au cours d’une battue sur les hauteurs de Cavalaire face à la Belle Bleue**. La BRX1 m’a étonné par sa prise en main et son fonctionnement fluide. Malgré sa culasse qui revient vers le tireur je n’ai pas été gêné lors des tirs rapides sans désépauler. Tirant des Sako Hammerhead en 308 Win ou 30-06 avec des lunettes de battue Steiner ou des viseurs Aimpoint ACRO et H-2 la précision a été au rendez vous, tout comme fiabilité et vitesse de tir. Si je n’ai pas eu d’opportunité de tir en battue je compte bien me rattraper lors des tests de terrain. A 1549€, la concurrence va souffrir Après une longue attente, un peu l’Arlésienne des carabines, la BRX1 Beretta est disponible depuis le 19 octobre. J’affirme, en assumant mes mots, que la BRX1 va faire du bruit et s’imposer rapidement sur le marché des carabines de battue, et pas que, pour devenir une nouvelle référence des armes linéaires. Si ce n’est pas une belle carabine, c’est une arme du 21ème siècle, une belle mécanique, originale, technique, fiable, sure et bourrée de qualités qui ne pourra qu’évoluer dans un futur proche. A 1549 euros la concurrence risque de souffrir. * Siège et première usine de Beretta en Italie**Nous remercions les responsables du club et présidents et membres des ACCA de Cogolin et Cavalaire Fiche technique : FabricantBerettaModèleBRX 1Typecarabine à réarmement manuel et action linéaire, multi-calibresAmbidextredroitier / gaucher par déplacement du levier de culasseCanonsinterchangeables martelés à froidCalibres30-06, 308 Win, 300Win Mag, 6,5 CreedmoorLongueur du canon51, 57 et 62cm suivant calibres, fileté M14Crosseen matériau synthétique, poignée interchangeableLongueur de crosse365mm ajustable de 353 à 377mmDétentebloc démontable, réglable (3 poids de départ, 900g, 1150 g et 1400g)Sûreté3 positionsChargeur amovible5 cartouchesViséepas de visée fixe, trois types de rails pour monte d’optiquesPrécision3 coups dans 1 MOA (3cm à 100m)Poids3.3kg (avec canon de 57 cm)DistributeurHumbert/Beretta FrancePrix1549€ TTC https://www.beretta.com/fr/