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THOMAS HALPHEN, SPÉCIALISTE DES ARMES D’OCCASION

Thomas Halphen dirige depuis 2010 l’Armurerie Élysées dans le 8e arrondissement de Paris. Elle est l’une des rares armureries à proposer un choix important d’armes de luxe artisanales. Une activité pointue qui oscille entre expertise et courtage ; entre vente et achat. Rencontre.

Thomas Halphen, quel est votre parcours professionnel ?

A l’issue de mon service militaire, en 1993 j’ai débuté chez Holland & Holland à Paris. Après un rapide passage à la vente des vêtements, j’ai rejoint le département armes du magasin où j’allai complètement m’épanouir. Issu d’une famille de chasseurs, mon goût des beaux fusils remonte à l’enfance.

Nées à Liège, Saint-Étienne, Suhl ou Londres, les armes artisanales d’occasion sont légion à l’armurerie Élysées.Thomas Halphen distribue également les fusils à platines du célèbre armurier espagnol Grulla.

Au bout de 2 ans, Alain Drach [alors directeur de Holland & Holland pour la France, NDLR] me propose un poste de responsable marketing. Là, je me suis consacré aux clients ‘’grands comptes’’, pourrait-on dire. Peut-être vous souvenez-vous du partenariat que nous avons initié avec Range Rover. De cette époque, je conserve notamment le souvenir impérissable de clients enchantés quand je leur faisais découvrir notre Shooting Ground londonien [La remarquable école de chasse Holland & Holland, NDLR]. Bref, nous organisions beaucoup d’événements de fidélisation. C’est aussi à Paris, chez Holland, qu’a germé au milieu des années 90, l’idée de la création d’un département de vente d’armes de luxe d’occasion. Ce concept, envisageait d’attirer des chasseurs qui ne nous auraient pas acheté une arme neuve. Le succès commercial fut instantané. La graine venait d’être plantée qui fit de moi le marchand que je suis aujourd’hui.

Vous vous êtes donc spécialisé dans le fusil à platines anglais et la carabine de luxe ?

Pas uniquement, et nous proposions toutes sortes d’armes, françaises, belges… même si la plupart étaient des fabrications artisanales. Bien sûr, la création de ce secteur de l’occasion, nous permettra d’exposer de très jolis fusils anglais ; en particulier des Holland. Car, rapidement, par le biais de successions, certains héritiers de fusils de notre marque nous les ont proposés.

Ce magnifique râtelier Belle Époque a servi d’écrin aux armes lors de l’Exposition Universelle de Paris en 1900.

 Quand avez-vous décidé de vous mettre à votre compte ?

En 2003, au cours de ce que j’appellerai ma parenthèse Beretta, l’armurier italien dont j’ai dirigé la boutique parisienne.

Avant d’acheter une arme Beretta neuve, beaucoup de chasseurs souhaitent revendre la leur. Mais, à mon grand dam, cela ne faisait pas partie de la politique commerciale de la marque. Alors, expressément, j’envoyais ceux qui peut-être deviendraient mes clients à l’armurerie spécialisée la plus proche. C’est-à-dire au 6 rue du Commandant Rivière, dans le 8e arrondissement. Je la rachèterai en 2010.

Plus de 10 ans se sont écoulés, quelle lecture faites-vous de votre bilan ?

Il est très positif jusqu’au trou d’air que vivent actuellement les commerces depuis deux ans, entre manifestations et pandémies. La conjoncture actuelle est diamétralement opposée à celle que j’ai vécu lors de mon installation à l’armurerie Elysée.

6, rue du Commandant Rivière, Paris 8e. Depuis 1971, une adresse incontournable de l’amateur d’armes fines.

Cette année-là, j’avais repris les quelque 200 armes, tant lisses que rayées, du stock de mon prédécesseur. Dès le départ les clients furent au rendez-vous. En plus, parallèlement l’étude Cornette de Saint Cyr me proposa d’endosser la casquette d’expert pour une vente de chasse. Le cadre presque magique de l’hôtel de Rothschild contribuera à sa réussite. Tout débutait sous les meilleurs auspices.

En quoi ce statut d’expert est-il important pour le fonctionnement commercial de l’armurerie ?

Il l’est à double titre. D’une part, par la notoriété qu’il permet d’étendre par la bouche des clients du commissaire-priseur, s’ils sont satisfaits de mes conseils. D’autre part, du côté des vendeurs cette fois, s’ils me proposent leurs armes invendues pendant la vente. Ce peut être le cas s’ils avaient préalablement défini un prix de réserve trop élevé. 

Qui vous propose des armes de chasse à l’armurerie Elysées, et comment fonctionnez-vous ?

Mon stock est majoritairement constitué d’armes en dépôt-vente. A la suite, par exemple, d’une expertise réalisée en vue du règlement d’une succession ; beaucoup de familles me confient alors leurs armes. Pour cela, il suffit alors de les accompagner d’une pièce d’identité, afin qu’elles rejoignent, conformément à la loi, le stock de l’armurerie via le livre de police. Le prix convenu est toujours « net vendeur ». Un chèque lui sera remis, rubis sur l’ongle, une fois la vente effectuée.

Vue en direction de l’entrée depuis le fond de l’armurerie.Ici, les beaux arts de la chasse sont aussi à l’honneur.

D’autres clients me confieront une arme en vue d’assouvir un coup de cœur pour une nouvelle ornée d’une gravure, ou pour un nouveau calibre… Un choix bien souvent dicté par le phénomène de mode. Ainsi en ce moment, je constate la substitution du traditionnel 12 au profit des calibres 20, 28 et .410. Comme il y a peu de temps encore, beaucoup ont remplacé leur carabine à verrou par un système linéaire. Avant… d’y revenir : ainsi va le commerce.

Contact :

  • Armurerie Elysees, 6 rue du commandant Rivière 75008 Paris

  • Tel : +33(0)143594571

  • Mail : www.armurerie-elysees.com

  • Lundi au vendredi de 10h à 12h30 et 14h à 18h30