12 astuces pour bien débuter l’approche du chevreuil Par Dominique Czermann 9 juillet 2021 Chasse passionnante et difficile s’il en est, l’approche du grand gibier impose le respect de règles élémentaires pour réussir ou du moins essayer de réussir. Ce qui suit ne s’adresse pas aux spécialistes et experts de ce type de chasse mais aux débutants qui voudraient s’y intéresser. 1. Documentez-vous Je ne suis pas un expert de l’approche, ni du chevreuil, mais depuis 30 ans je me passionne pour cette chasse et cet animal. Le premier conseil que je donnerai au chasseur qui va débuter est de se documenter sur le chevreuil en lisant quelques classiques (voir librairie De Montbel), même anciens et étrangers, sur ce gibier et sa chasse. Contrairement à la battue où le chasseur n’a pas (malheureusement) besoin de connaître parfaitement son gibier, la chasse individuelle silencieuse demande un peu plus de connaissances Un repérage du territoire en amont vous permettra de repérer les brocards territoriaux. 2. Bien repérer le territoire et les animaux territoriaux Le chevreuil possède des sens très développés, une ouïe extraordinaire et sélective, un odorat très fin et une excellente vision avec très peu d’angles morts. D’autre part c’est un animal très territorial et aussi très routinier (dans la plupart des cas) ce qui joue parfois en notre faveur. Lorsqu’on a engrangé quelques connaissances théoriques sur l’animal et si on ne chasse pas avec un guide comme ça se fait souvent, il est de prime importance de se faire une idée du territoire où vous évoluerez. Si vous le pouvez sortez avant l’ouverture, jumelez et repérez les animaux…Rappelez-vous que le chevreuil est territorial et routinier. Plus que le matériel, l’aptitude à jumeler fait la différence. 3. Apprenez à jumeler efficacement Vous en savez un peu plus et c’est votre première saison. Assommé par les publicités vous vous préparez à hypothéquer la maison pour vous équiper. Point n’est besoin. Toutefois ne mégotez pas sur les jumelles. Une bonne paire de 10×42 ou même 8×42 fera l’affaire. Personnellement comme je n’aime pas trimballer de lourdes jumelles j’emploie des 8×42 qui m’offrent une bonne luminosité y compris à l’aube ou au crépuscule. Je ne suis pas payé par les fabricants aussi faites le tour de vos armuriers, il existe de bonnes jumelles à prix raisonnable, car si le matos est important c’est surtout votre aptitude à jumeler qui fera la différence. La réussite de la chasse à l’approche commence par l’observation. Une fois sur votre territoire de chasse, moins vous marcherez, plus vous jumellerez, plus vos chances de réussite seront élevées. 4. De près au loin Jumelez du plus près au plus loin et pas l’inverse. Rien ne sert de repérer un brocard à 400m si la chevrette que vous n’avez pas vue démarre de vos pieds en aboyant…chasse terminée! Surtout faites des mouvements réduits et lents. Utilisez vos jumelles du plus près au plus loin vous évitera des surprises et l’alerte donnée par la chevrette ou le brocard que vous n’avez pas vu. 5. Adopter le bon timing Soyez en place au lever du jour mais pas trop tôt. Dans le noir vous ne les verrez pas et vous ferez certainement plus de bruit car vous ne voyez pas où vous posez les pieds mais les chevreuils vous entendront et vous sentiront, un aboiement ou deux puis une fuite éperdue et encore des aboiements vous le feront comprendre. 6. Soleil dans le dos et vent dans le nez Essayez de vous placer soleil levant au dos et plus important encore vent de face. Surtout lorsque vous avez repéré votre animal de chasse. Vérifiez le sens du zef avec un peu de talc que vous gardez dans une petite poire ou pipette. Toujours épouser le sens du vent ! 7. Fondez-vous dans le paysage Pour cette chasse et même si ça peut apporter un plus, pas besoin de la dernière version de camouflage pixélisé ou de vêtements Scent Lock, vous n’êtes pas un archer ! Un ensemble uni qui se fond sur le biotope et réduit le contraste convient bien. Par contre une casquette (pas besoin de ressembler à un sauvageon) et des gants fins casseront le clair de votre visage et de vos mains. Si vous préférez le camo, il existe des casquettes avec filet intégré… Vous êtes prêt à approcher: bougez lentement et en silence total, fondez-vous dans les ombres et réduisez le contraste. 8. Savoir rester immobile Vous serez parfois obligé de vous mettre à 4 pattes. Avancez lorsque le brocard a la tête baissée. Mais attention, s’il vous a repéré mais non identifié avec certitude il pourra se baisser pour se relever rapidement. Le danger analysé, il aboiera et filera. S’il reste à vous fixer, immobilisation totale, essayez de ne plus ressembler à un homme, baisser les yeux. Ça peut durer longtemps. Suivant les conditions il pourra se remettre à manger mais vous n’aurez plus droit à l’erreur. Si la distance est bonne ce sera peut-être votre seule possibilité de tir. Vous êtes repéré mais pas identifié, transformez-vous en statue, baissez les yeux, la chance jouera peut-être pour vous. 9. l’appeau. Lorsque le rut approche vraiment et même avant suivant les cas, l’utilisation de l’appeau de bouche ou à main (Buttolo) sera votre meilleur allié. Si vous n’avez pas de « mentor » vous apprendrez sur le tas comme je l’ai fait. Croyez-moi ça fonctionne très bien. J’ai souvenir d’un gros quart d’heure de jeu avec un jeune brocard que j’amenais à 5m de mon amie qui d’ailleurs ne pouvait pas tirer. Plus le brocard « aura de la bouteille » plus méfiant il sera, mais avec de l’habitude on y arrive très bien et c’est parfois l’ultime recours pour essayer de se trouver en position de tir. Sans être très bon j’ai fait venir, par temps calme, des brocards sur plus de 400 voir 500m. Buttolo et appeaux sont vos meilleurs amis, entraînez-vous à les utiliser. 10. le coup de midi Si malgré tout le brocard du matin vous résiste il y a une option que beaucoup ignorent ou ne mettent pas en pratique pour diverses raisons. Sortez aux « heures chaudes » entre 12 et 14 heures, surtout si la nuit et la matinée ont été humides ou orageuses. Les nuits d’été sont courtes et le brocard doit s’alimenter, contrôler et marquer les limites de son territoire et fuir les insectes qui l’ennuient au fond du bois… 11. Après la pluie N’hésitez pas à sortir après les averses d’été. Les chevreuils sortent aussi se sécher et s’alimenter. Buvant peu, ils apprécient ce petit plus de fraîcheur et de liquide apporté par la pluie. Sortir après la pluie offre de bonnes opportunités. 12. Bonne connaissance de soi et de son matériel Ne sous-estimez pas la résistance du gibier et ne surestimez pas votre aptitude au tir. Prétendus fragiles, j’ai vu des chevreuils partir avec une mauvaise balle de 300 Magnum et nécessiter une recherche au sang. Choisissez une munition adaptée que vous gérez parfaitement, entraînez-vous à tirer en position chasse, sur un bâton, trépied, sac ou bipied, déterminez votre distance d’efficacité maximum. Ce n’est pas parce qu’une fois vous avez fait péter un “pigeon d’argile” à 300m que vous pouvez le faire systématiquement en position de terrain. Vérifiez impérativement votre arme et son optique avant la chasse. En chasse guidée un animal blessé et pas retrouvé peut vous coûter cher (prix du bracelet). Pour le reste, pensez au respect de l’animal et ne tirez qu’à coup sûr. Après un très long rampé ce brocard a été tiré à plus de 210m au bipied. Comme l’auteur Remi préfère sac et bipieds aux cannes de tir. Il n’y a pas de vérités absolues dans ce domaine. Ces quelques petits conseils élémentaires ne sont pas des recettes miracles mais ils me permettent de tirer et faire tirer des brocards depuis plus d’un quart de siècle. J’espère qu’ils seront utiles à ceux qui débutent cette chasse passionnante.